Le Dr Sébastien Vermeulen souhaite une nouvelle vision de la médecine : « Nous devons nous débarrasser de la culture de la pilule ».
Dr Vermeulen voit de nombreuses améliorations possibles dans le système de santé actuel: dans les traitements et dans la formation médicale.
Dans le cadre de notre série d'entretiens The Innovators' Dilemma de in4care et Smarthealth, nous interrogeons des acteurs belges du secteur des soins de santé sur le rôle de l'innovation dans leur domaine. Cette semaine, nous avons rencontré le Dr Sébastien Vermeulen. Ce jeune médecin généraliste aimerait que le système de soin actuel prenne une autre direction.
« Le coronavirus m'a ouvert les yeux », nous confie Sébastien Vermeulen. Ce médecin généraliste en herbe vient tout juste de finir ses études. Cependant, il voit déjà de nombreuses améliorations possibles dans le système de santé actuel. « Je ne parle pas seulement des soins généraux, mais aussi de la formation médicale. La technologie, comme les applications numériques ou les plateformes de patients en ligne, peut être des éléments essentiels pour changer notre façon de soigner. » Idéalement, il aimerait partager toutes ses idées dans un manuel afin de lancer un débat en médecine générale. « Je travaille sur ce sujet depuis un certain temps déjà. Il se pourrait bien qu'un livre soit prêt au printemps 2022. »
Besoin d'une nouvelle culture
Le Dr Vermeulen travaille actuellement à Zoersel et au Centre de psychiatrie légale (CPL) d'Anvers. Il estime que l’innovation doit être davantage exploitée dans le domaine des soins de santé. « J'essaie toujours de baser mes idées sur mes propres expériences. Avec mon livre, je veux parvenir à dessiner de nouvelles directives de la médecine générale. Grâce au coronavirus, nous avons découvert une fois de plus que nous avons urgemment besoin de changements. Nous avons encore beaucoup de défis à relever. »
La principale motivation du Dr Vermeulen vient d’une frustration relative à sa pratique. « Même avant l'apparition du coronavirus, la prévention était très peu prise en compte. En pratique générale, cela signifie que nous devons souvent nous contenter de suivre des protocoles. Pendant la formation, nous apprenons à toujours aborder un problème en suivant un schéma d’étapes. De cette manière, vous pouvez toujours savoir, pour simplifier, comment vous devez aborder le problème d'un patient. Néanmoins, cette façon de faire tue souvent dans l'œuf toute forme de créativité ou d'approche innovante de la part du médecin généraliste. »
Mais aussi des bons protocoles
« Ne vous méprenez pas », précise toutefois le Dr Vermeulen, « ces protocoles sont utiles et nécessaires ! Mais en agissant ainsi, nous perpétuons une certaine culture dans la pratique médicale ». En effet, durant le cursus de médecine, les étudiants apprennent à suivre une certaine ligne directrice. Autrement dit, à cocher quelques cases, à passer à l'étape suivante pour délivrer une ordonnance.
« J'ai vu beaucoup de choses mal tourner en se basant uniquement sur cette façon de soigner. J’en ai moi-même fait l’expérience, et j’ai aussi vu mes collègues en faire les frais. En fin de compte, c'est toute notre culture de la pilule dont nous devons nous débarrasser. Pour moi, un patient a toujours une histoire personnelle et exige une approche unique. En tant que médecin, vous devriez en fait apprendre à réfléchir par vous-même. J'entends, en faisant appel à votre bon sens, à adapter le déroulé du diagnostic selon les personnes. Si cela devient trop difficile, vous pouvez alors vous rabattre sur les protocoles. Sinon, l'humanité est perdue. »
Une autre approche possible
Dr Vermeulen affirme qu’il est donc possible de procéder différemment. « Le bon sens, la réflexion et la flexibilité devraient être les qualités les plus importantes d'un médecin. Aujourd'hui, nous évoluons de plus en plus vers le mode de travail néerlandais. Je veux dire où tout est défini de manière très stricte et où la mentalité est celle du "neuf à cinq".
«Je ne dis pas que cela devrait être comme autrefois. Le temps où un généraliste faisait tout et devait être disponible toute la semaine pour ses patients. En soi, c'est une bonne chose qu'il y ait des règles et des protocoles. Mais je pense que nous devrions plutôt donner à chacun ses propres outils. Et seulement appliquer les protocoles lorsque c’est nécessaire. »
À chaque maladie son médicament ?
La « culture de la pilule » qui prévaut en médecine devrait également être abandonnée. « Les médecins sont formés pour avoir une grande connaissance des médicaments. Résultat : il existe une pilule pour chaque maladie. Je trouve cela problématique. Généralement les patients présentant certains symptômes sont interrogés puis traités avec des médicaments. Finalement, nous ne réfléchissons peu aux autres moyens soigner. Le problème sous-jacent n'est donc jamais abordé. Par exemple, si je fais plus d'exercice ou si je perds du poids, je n'aurai plus du tout besoin de cette pilule. »
La technologie pourrait jouer un rôle important à cet égard. « Je ne suis certainement pas un défenseur des formes alternatives de médecine. Aujourd'hui, il existe un certain décalage entre une manière saine de prescrire et la culture de la pilule.
Ne pas négliger les alternatives
Si vous laissez le patient penser par lui-même et faire preuve d'esprit critique vis-à-vis de sa santé, alors cet équilibre pourrait être rétabli. Pourquoi ne pas sensibiliser les personnes et leur permettre de surveiller leur santé à l'aide d'une application numérique ou d'une plateforme web ? Par exemple, suivre facilement votre tension artérielle ou votre glycémie. Cela peut être bénéfique à la santé du patient et, par extension, pour l'ensemble du système de soins de santé. »
La technologie est désormais l'avenir, affirme Sébastien Vermeulen, et la médecine devra également s'y adapter. « Ce serait formidable si les médecins pouvaient prescrire des applications avec lesquelles ils pourraient ensuite travailler. En outre, cela pourrait soulager la pression qui pèse aujourd'hui sur eux. Les applications de sommeil peuvent, par exemple, être une source d’information précieuse. Si vous pouviez intégrer ces éléments dans une plateforme de consultation médicale, vous seriez ainsi plus à même de voir si une personne ne se sent pas bien sur le plan psychologique. Il est nécessaire de s'ouvrir aux soins numériques et aux autres formes de technologie médicale. »
L’importance des technologies des soins de santé
Dr Vermeulen estime que le développement des technologies dans le domaine des soins de santé est capital. Mais, il émet tout de même certaines limites. « Je ne suis pas du tout favorable à l’idée de « médecin à distance ». Il est pour moi primordial que vous puissiez voir physiquement votre patient. Ainsi, je ne cautionne pas du tout les diagnostics via une téléconsultation. »
Cela ne signifie pas pour autant qu'il rejette l'idée même de soins à distance. La télésanté offre toujours une valeur ajoutée, mais elle ne devrait être utilisée que pour soutenir les soins. « Cela devient dangereux si nous commençons à penser à la technologie comme quelque chose qui remplacerait le médecin. » Ainsi, il encourage même certaines applications comme Bingli, où unchatbot intelligent qui reprend en grande partie l'anamnèse du médecin. « De tels outils, sont de bonnes solutions de soutien. »
Limiter pour mieux exploiter
Il nuance encore une fois en précisant « qu’il ne serait pas bénéfique qu'un chatbot soit utilisé sur un nouveau patient. Car vous pourriez alors tirer certaines conclusions qui s'avèrent finalement erronées. Le médecin doit toujours jouer un rôle central, ce qui ne signifie pas que le reste ne peut pas être fait. À l’exception des nouveaux patients qui nécessitent une recherche plus approfondie, beaucoup de choses sont possibles dans le domaine des soins de santé. Finalement, c'est la façon dont nous intégrons la technologie qui fait que cela semble parfois difficile à mettre en place. »
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