E-Health Venture, basé à Bruxelles, lance son deuxième appel à projets. Cette fois, il concerne le domaine de la recherche en oncologie. Dans cette optique, l’incubateur a lancé Onco-Tech, un programme qui veut guider et faire grandir des start-ups européennes ambitieuses. « De la prévention au traitement en passant par le dépistage : toutes les jeunes entreprises qui souhaitent développer des outils utiles dans ce domaine peuvent s'adresser à nous. »
E-Health Venture veut mettre en place environ trois appels d'offres par an, nous expliquent le responsable d’incubateur Marius Declerck, et le directeur général Filip Vandamme au cours d’une interview vidéo. Notre entretien concerne le dernier en date : le programme Onco-Tech, dans lequel des start-ups innovantes belges et européennes peuvent postuler pour promouvoir l'innovation numérique en oncologie. Il précède ainsi MoveWell, le premier appel effectué en début d’année dans le domaine du mouvement et de la kinésithérapie. Et au vu de l’incroyable succès rencontré et des nombreuses réactions positives reçues, l’incubateur ne pouvait pas s’arrêter en si bon chemin. « Chaque année, nous examinons quelles sont les principales priorités dans les domaines pathologiques ou médicaux en Belgique et en Europe. L'oncologie, en particulier, est un secteur très difficile pour l'innovation numérique. Nous voulions donc donner un coup de pouce supplémentaire à cette spécificité. », explique Marius Decleck.
Les start-up qui désirent participer au programme OncoTech ont jusqu’au 24 septembre pour postuler. Une fois les inscriptions closes, l’incubateur bruxellois examinera toutes les candidatures. Après une première sélection, les projets retenus seront à nouveau évalués par un panel d'experts médicaux spécialisés dans les traitements des cancers. C'est ce que la société appelle la phase de « révision médicale », précise Marius Declerck. « Nous combinons cet évaluation avec des experts médicaux et une analyse par des spécialistes commerciaux, dont un certain nombre de nos partenaires, tels que Partena Ziekenfonds, Goed (Christelijke Mutualiteit (CM)) ou encore Stichting tegen Kanker (Fondation contre le cancer). C’est sur la base de ces deux évaluations que nous sélectionnons les deux ou trois projets les plus prometteurs afin de les soutenir. Concrètement, cela signifie que nous lançons un programme d'accélération sur une période de 12 mois, dans lequel nous aidons les startups à passer à l'échelle commerciale et à lever des fonds auprès d'investisseurs. »
Un domaine compliqué à satisfaire
Ce processus d'accélération n'est qu'un premier pas du marathon au développement, souligne Filip Vandamme. « En réalité nous proposons deux programmes ou parcours. La première, comme Marius l'a déjà mentionné, est l'accélération. L'autre trajectoire est appelée « venture building », pour concrétiser des bonnes idées. Au cours de notre première sélection, il se peut que nous constations qu’une start-up arrive avec un super projet, mais pas grand-chose de concret. Nous pouvons alors travailler avec une équipe pour développer davantage son idée ou son prototype et créer un modèle commercial autour de celui-ci, afin qu'elle puisse se développer en tant qu'entreprise. Nous pensons qu'en oncologie, les opportunités seront nombreuses. Actuellement, très peu de technologies innovantes sont mises en place dans les soins pour les patients atteints de cancer. Le champ des possibles est donc vaste ! »
Smarthealth : L'oncologie n'est pas un domaine où il est facile d’innover. Du moins, peu de start-ups en Europe se sont lancées dans ce secteur. Savez-vous pourquoi ?
Marius Declerck : « En effet, c'est pourquoi cet appel arrive au bon moment. Bien sûr, il existe déjà des start-ups européennes qui réussissent. Je pense notamment à celles qui analysent des images radiologiques pour reconnaître ou détecter des cancers, mais il s'agit d'une petite minorité. Je ne sais pas exactement pourquoi si peu de jeunes entreprises travaillent dans le domaine de l'oncologie. Il faut reconnaître que c’est un secteur complexe. Plusieurs parties sont impliquées dans chaque développement, mais il faut aussi prendre en considération l'impact psychologique de la maladie. »
« L'utilisation de wearables spécifiques par les patients atteints de cancer est également assez difficile à mettre en place. Les développeurs ne savent pas exactement quelles sont les mesures à surveiller. Si une start-up travaille dans le domaine de la cardiologie, par exemple, elle va se concentrer sur le rythme cardiaque. Ce n'est pas le cas du cancer. Il existe des applications destinées au post-traitement des patients, par exemple, mais elles ne sont jamais exclusivement axées sur l'oncologie. Elles couvrent toujours un spectre plus large. »
Filip Vandamme poursuit en expliquant que : « Nous sommes en effet bien conscients que la plupart des projets en oncologie se déroulent à l'étranger, et nous voulons donc attirer uniquement des start-ups européennes pour cet appel. Par exemple, l'équipe doit être prête à rester en Europe temporairement et avoir un objectif de croissance européen par la suite. Pour l'instant, nous nous concentrons principalement sur cette zone géographique, mais à l'avenir, nous pourrions aller plus loin. »
Maintenir l'élan
Selon les deux hommes, l'oncologie est un secteur en plein essor. D’ailleurs les financements européens apportent un réel élan à la recherche sur le cancer. Ce coup de pouce se répercute sur les projets en cours de développement qui espèrent obtenir des subventions européennes, des possibilités de partenariat, et bien plus encore. Selon Marius Declerck, le moment est donc venu de poursuivre cette dynamique européenne : « Lorsque nous nous sommes demandés quels sont les domaines dans lesquels nous allions lancer un appel, nous avons senti que les choses avançaient dans la recherche sur le cancer. De plus, nous constatons qu’en tant qu'incubateur, il existe encore très peu d’outils qui concernent uniquement l'innovation en oncologie. Et si les projets entrepreneuriaux ne suivent pas, nous courons le risque que cet élan si nécessaire disparaisse rapidement. »
Filip Vandamme : « Et quoi de mieux pour maintenir cet élan, que d’encourager particulièrement les nouveaux projets ? Pour nous, c’est la meilleure façon de faire en sorte que l'innovation dans la recherche sur le cancer puisse progresser. Ce qui est également important, c'est que nous travaillons avec toutes sortes d'experts pour choisir les bons projets. Nous collaborons avec le professeur Eric Van Cutsem, un ponte en matière d'oncologie, ainsi qu'avec des experts de plusieurs hôpitaux universitaires et des leaders d'opinion tels que Koen Kas. »
Marius Declerck : « À travers chaque appel à projet, nous essayons toujours d'impliquer une personne ou une organisation qui peut tirer le projet vers le haut. Dans notre appel sur le sport, MoveWell, par exemple, il s'agissait de Décathlon, une organisation très connue dans le monde du sport. Dans le domaine de l'oncologie, nous le faisons cette fois avec la Stichting tegen Kanker. Leur vaste réseau est crucial pour les start-ups qui veulent se développer en Belgique ».
Smarthealth : Quelles sont vos attentes vis-à-vis des projets qui vont tenter leur chance ?
Marius Declerck : « Nous espérons découvrir des projets fantastiques ! (rires) L'oncologie est un domaine médical très important où les possibilités sont nombreuses. Rien qu'en matière de prévention ou de dépistage, par exemple, il reste beaucoup à faire. Plus tôt vous pouvez déceler un cancer, plus grandes sont les chances de guérison. J'espère ainsi que les jeunes entreprises que nous soutiendrons contribueront à améliorer le dépistage. Autre point important : les enjeux psychologiques et les facteurs stress induits par la maladie. S'il existe des entreprises qui peuvent soulager les patients à ces niveaux-là, ça serait fantastique. Je n'oserais pas dire que nous avons une préférence pour un domaine particulier, mais nous espérons que nous obtiendrons les meilleurs projets soutenus par des personnes du corps médical. Après tout, ils ont une très bonne compréhension de ce qui est nécessaire dans le monde de l'oncologie ».
Smarthealth : Pouvez-vous déjà révéler si des appels de projets sont déjà prévus dans d'autres domaines médicaux ?
Filip Vandamme : « Il est encore un peu tôt pour le dire, mais nous avons prévu de faire trois appels par an. Nous essayons toujours d'établir un lien avec les possibilités médicales belges existantes. D'une part, nous regardons systématiquement si un projet peut être utilisé en Belgique, mais d'autre part, nous ne faisons que des projets qui ont aussi un potentiel international. »
« Il est important qu'une start-up soit toujours compétitive et commercialisable à l’étranger. C'est également l'un des objectifs de notre sélection, notamment dans la phase d'accélération, car il s'agit alors de mettre à l'échelle une start-up. Ensuite, il est bien sûr important que vous disposiez également d'un modèle économique évolutif, à la fois en termes de taille de la start-up mais aussi de l'entreprise.»
Smarthealth : Existent-ils des domaines en oncologie où l'innovation est plus nécessaire que dans d'autres ?
Marius Declerck : « C'est difficile à dire pour le moment. Nous voulons que toutes les jeunes entreprises qui soumettent un projet soient évaluées de manière équitable. Toutes les catégories que nous avons répertoriées sur notre site web ont déjà au moins un participant. Et lorsque nous regardons ceux qui nous sont déjà parvenus, nous constatons une grande diversité. Les idées vont de la reconnaissance d'images via l'intelligence artificielle à une simple application pour les patients. Lors de la sélection finale, nous examinerons également les dossiers qui nous semblent les plus prometteurs. Néanmoins, nous n’en sélectionnerons qu’un seul.»
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !