Startup Founda : ouvrir les TIC au domaine des soins de santé grâce à un modèle de revenus différent pour les liens

Pourquoi peut-on réserver un vols, un hôtel ou une voiture de location dans le monde entier via Internet ? Parce que les fournisseurs sont extrêmement désavantagés lorsqu’ils n'ouvrent pas leurs plateformes à un maximum de canaux de vente. Dans le monde du voyage, une économie de plate-forme mondiale est apparue avec un logiciel de cloud intelligent, qui organise des liens TIC entre les systèmes des fournisseurs et les services destinés aux utilisateurs finaux pour une somme modique par transaction.

La success story néerlandaise Adyen est aussi une plateforme de ce type, mais payante. Les plateformes cloud comme Adyen garantissent l'ouverture des systèmes de milliers de banques et autres institutions financières aux boutiques en ligne par exemple, afin que les Néerlandais puissent payer avec Ideal, même s'il s'agit d'une boutique en ligne étrangère comme Amazon ou Ali Express. Plus Adyen établit de liens, plus il y aura de transactions dans le système et plus souvent Adyen obtient un pourcentage de la transaction. Comme les startups peuvent utiliser ces plateformes puissantes pour le développement de logiciels, le paiement et d'autres fonctions vitales, le seuil pour les nouveaux acteurs innovants est bas. Vous pouvez vous concentrer pleinement sur les fonctions essentielles de votre application, sans avoir à créer vous-même tous les liens avec d'autres systèmes.

L'économie de plateforme fait défaut dans les soins de santé

Nous connaissons à peine cette économie de plateforme dans les TIC des soins de santé, que ce soit au niveau mondial ou national. Plusieurs facteurs en sont responsables, mais le plus important est que les fournisseurs de systèmes informatiques de santé n’ont pas intérêt à rendre leurs systèmes aussi ouverts que possible de manière sécurisée. Ils ne vendent pas de vols, de chambres d'hôtel et n'offrent pas de services aux consommateurs qui doivent être payés rapidement et facilement via Internet. Les nouvelles startups innovantes sont davantage considérées comme une concurrence que comme une opportunité d'augmenter les ventes ou de rendre la vie des patient plus agréable.

Lorsqu’il s’agit de relier des systèmes TIC dans le secteur des soins de santé, cela implique presque toujours un travail personnalisé coûteux qui doit être effectué par des logiciels spécialisés ou des sociétés de conseil. En raison de la fragmentation du marché, ces liens ne fonctionnent souvent que dans un seul pays, voire une seule région. Les organisations de soins de santé paient la facture et doivent également faire face à des coûts de licence supplémentaires pour l'utilisation des données via un lien. Garder le système fermé fait partie intégrante du modèle de revenus. Un créateur d'applications ayant une bonne idée ou un service intelligent pour le consommateur basé sur des données des systèmes TIC médicaux se heurtera à un mur. Cela vaut également pour les prestataires de soins de santé qui préféreraient sous-traiter une partie de leurs TIC à de nouveaux prestataires offrant une plus grande facilité d'utilisation et des fonctions à moindre coût. Sans liens avec les systèmes existants des fournisseurs établis, cela n'est pas possible.

Le résultat, c’est qu'il n'y a pratiquement aucun fournisseur international de plateformes de soins de santé de premier plan comme Adyen. C’est-à-dire des plateformes qui s'investissent dans des liens avec tous les systèmes TIC individuels, de sorte qu'une partie souhaitant offrir un nouveau service ait accès aux systèmes de centaines de prestataires de soins en même temps sans avoir à investir. En Europe, la plupart des pays tentent d'élaborer des normes et des accords obligatoires au niveau national pour permettre aux systèmes TIC de santé de communiquer entre eux. Mais c'est là une entreprise de va-et-vient et de patience, sans le soutien de l'innovation du marché ou la menace d'une perte de chiffre d'affaires.

Founda veut une autre approche

Founda est une start-up néerlandaise dont le modèle de revenus consiste à investir dans des liens avec les systèmes TIC de soins de santé, puis à mettre ces liens à la disposition des prestataires moyennant une redevance par transaction afin de développer de nouveaux services et produits basés sur ces liens. L'un des fondateurs de Founda, Jan Joost Kalff, était l'un des co-fondateurs de Dimebox, une plateforme de paiement de type Adyen qui a été vendue il y a deux ans à l'américain Verifone. Il s'attend à ce que le secteur des soins de santé doive désormais lui aussi faire face aux évolutions perturbatrices qui ont eu lieu bien plus tôt dans d'autres segments de l'économie.

Founda propose un moyen standardisé de communication et d'intégration. Cela se fait à l’aide d’une fiche et d’une prise standard, mais pour les logiciels, il s’agit de ce que l’on appelle une API. Selon Kalff, cette connexion standard est si simple que les créateurs de logiciels peuvent l'utiliser facilement, et suffisamment riche pour développer de nouveaux services innovants. Les applications de soins de santé s'intègrent en une fois à Founda, qui prend en charge les coûts de création du lien. Ils peuvent alors immédiatement proposer leurs services à un grand nombre d'hôpitaux, de médecins généralistes ou d'autres établissements de soins de santé, mais aussi à d'autres prestataires de services.

Coup de kick pour les applications eHealth

‘’Nous faisons en sorte qu’il soit beaucoup plus attrayant pour les fabricants de logiciels de soins de santé d'ouvrir leurs logiciels à d'autres’’, déclare Wilco Schuttelaar, PDG de Founda. "Notre modèle leur permet de profiter de nouveaux marchés et de nouveaux modèles de revenus auxquels ils n'auraient pas eu accès autrement. Bien sûr, ils doivent s'habituer au fait qu'ils ne doivent plus penser en termes de contrats annuels mais de transactions. Prenons par exemple un nouveau type d'application pour la gestion du diabète ou de la BPCO. Grâce à une plateforme comme Founda, les hôpitaux peuvent proposer ces applications à moindre coût et plus rapidement et peuvent donc fournir de meilleurs services et soins. Les nouvelles applications sont donc moins chères et ont également un marché plus important. Et les départements TIC n'ont pas à consacrer une grande partie de leurs ressources aux liens et n'ont pas à dire non aussi souvent.’’

Chaque hôpital qui s’interface avec Founda a soudainement la possibilité de prendre en charge des applications populaires auprès des consommateurs de soins de santé sans aucun investissement, et d'être payé par transaction, comme la livraison de valeurs de mesure récentes. Dans la philosophie de Founda, les établissements de soins de santé peuvent proposer un menu d'applications aux consommateurs, même si elles sont en concurrence les unes avec les autres. Le lien est standard, le consommateur peut déterminer quelle application ou quel service il préfère utiliser. Il est similaire au modèle MedMij, mais Founda souhaite offrir une plus grande intégration avec les systèmes des prestataires de soins de santé.

Liens gratuits

Schuttelaar souligne que Founda fournit gratuitement un lien d'intégration. ‘’C'est un investissement que Founda réalise dans les soins de santé aux Pays-Bas pour stimuler l'interopérabilité. Notre modèle de rémunération est axé sur une utilisation réussie, grâce à à un tarif bien inférieur à la norme du secteur des soins de santé. Nous n’avons pas besoin de régagner une intégration sur une seule application. La récupération ne sera possible que si nous pouvons réutiliser l'intégration pour toutes les applications. Cela signifie que nous avons tout intérêt à faciliter autant d'applications que possible pour l'institution de soins de santé et à rendre les liens aussi évolutifs et réutilisables que possible. C'est vraiment complètement différent de toutes ces autres parties qui pratiquent une intégration basée uniquement sur une facture horaire et qui facturent ensuite le travail supplémentaire.’’

Il reconnaît que Founda doit être performant sur tous les fronts pour être un parti intéressant avec lequel travailler. ‘’Si nous ne construisons pas nos solutions techniques  de manière suffisamment robuste, nous nous heurterons tôt ou tard à nous-mêmes. Si nous ne parvenons pas à satisfaire le client, il s’en ira. Nous faisons tout ce que nous pouvons pour éviter le verrouillage des fournisseurs, de sorte que nous gardons toujours l’incitation à satisfaire les parties.’’

Nexus voit des opportunités dans la collaboration

Nexus, un fournisseur européen de dossiers médicaux électroniques pour les établissements de soins de santé, a annoncé la semaine dernière qu'il souhaitait investir dans la relation avec Founda. Nexus est un acteur important en Europe (mais à son tour beaucoup plus petit que les géants américains Cerner et Epic). Aux Pays-Bas, Nexus, comme tous les autres fournisseurs, détient une petite part de marché par rapport au leader absolu du marché, Chipsoft.

La domination de Chipsoft sur le marché des EPD s'est traduite par des actifs de centaines de millions pour les fondateurs / propriétaires Mulder. C'est une belle réussite pour les entrepreneurs Mulder, mais dans un ‘’marché’’ financé par l'argent public, c’est selon de nombreux politiciens difficilement justifiable. Goliath Chipsoft ne semble pas être le partenaire le plus évident de David Founda, mais Nexus voit des opportunités dans la collaboration.

Nexus à l'hôpital Groene Hart (GHZ)

Fred Hiddinga, PDG de Nexus, déclare dans le communiqué de presse relatif à cette collaboration: ‘Nexus est convaincu que les systèmes ouverts sont une condition essentielle pour servir les établissements de santé dans leurs ambitions en matière de TIC. Parce que l'exhaustivité de notre environnement logiciel est indépendante de notre volonté de lier les innovations avec des tiers. En participant à la plateforme Founda, nous soulignons une fois de plus notre vision d'ouverture, de collaboration et d'innovation.

Nexus rend leur système accessible via la plate-forme de connexion Founda, permettant aux hôpitaux et aux professionnels des soins de santé (indépendamment du fournisseur de logiciels) de partager des données numériques de manière accessible. Selon Nexus, cela facilite à la fois l'échange d'informations entre les établissements de soins de santé et la connexion des applications de soins de santé et des solutions de cybersanté. L'hôpital ne paie qu’une redevance minime lorsqu'il utilise effectivement l'application, mais n'a pas à faire d'investissement initial. Cela permet aux institutions de créer facilement des liens, de comparer les applications et de choisir les solutions les plus appropriées, indiquent Nexus et Founda.

David contre Goliaths

Schuttelaar ne s'attend pas à gagner du jour au lendemain la bataille contre les plateformes de liaison propriétaires de fournisseurs comme Chipsoft. ‘’Mais nous remarquons déjà que les administrateurs et les DSI des hôpitaux sont curieux à l'idée de liens gratuits, car ils ont l'habitude de devoir payer des dizaines de milliers voire des centaines de milliers d'euros à leurs fournisseurs actuels. Il y aura un point de basculement, nous en sommes convaincus, car le système actuel de liaison n'est pas logique, augmente les coûts pour nous tous et entrave l'innovation. Cette évolution ne n’épargnera pas non plus les Pays-Bas.’’

Pour Founda, le défi majeur est de convaincre les fournisseurs de logiciels, d'applications et de services médicaux que le modèle de transaction pour les liens offre des avantages suffisants pour commencer à travailler avec Founda. Et comme Founda ne dispose pas d’une capacité de développement infinie, seuls les fournisseurs présentant le plus fort potentiel pour leur modèle de transaction seront servis en premier. Pour l’instant, il s’agit donc de la situation de l’oeuf de la poule, car l’augmentation du nombre de transactions rendra la plateforme vraiment intéressante, tant pour Founda que pour les utilisateurs. Mais on n'obtiendra des transactions qu'en connectant quelques grandes parties et / ou un grand nombre de plus petites.