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Cette semaine, Binah.ai a annoncé qu'elle pouvait mesurer la pression artérielle via une application et la caméra d’un smartphone ou d’un ordinateur portable. Il suffit à l'utilisateur de faire un enregistrement vidéo de son visage pendant une minute. Une méthode inédite et prometteuse. Mais est-ce vraiment si facile ?
Binah.ai innove avec son système de mesures. En effet, la start-up utilise la caméra d'un appareil pour enregistrer une vidéo du visage. Un modèle informatique d'IA mesure et analyse ensuite divers biomarqueurs. Non seulement la pression artérielle, mais aussi la fréquence cardiaque et ses variations, la saturation en oxygène, la respiration ainsi que le stress. Néanmoins, la société précise qu'il ne s'agit pas d'une application médicale, mais d'un simple outil d'auto-évaluation.
Comment fonctionne la technique de Binah.ai ?
La technique utilisée par Binah.ai est la rPPG, ou imagerie photopléthysmographique à distance. L'entreprise affirme que cette méthode éprouvée est aussi précise que les appareils PPG traditionnels. Elle se sert des changements dans la lumière rouge, verte et bleue réfléchie par la peau pour quantifier le contraste entre la réflectance optique et la réflectance diffuse. Lorsque les conditions ne permettent pas d'effectuer un rPPG, Binah.ai déploie un PPG tactile. L’utilisateur doit alors placer un doigt sur la caméra de son smartphone ou de son ordinateur portable.
David Maman, P.-D.G. et fondateur de Binah.ai, considère la mesure par le biais d'une caméra comme une évolution significative. « La possibilité d'ajouter la surveillance vidéo de la pression artérielle, en utilisant uniquement l'appareil photo de l'appareil, à notre plateforme de données de santé déjà robuste, nous permet de franchir une nouvelle frontière dans le domaine de la santé et du bien-être. Cela nous rapproche également de notre mission qui consiste à donner accès à tous aux services de santé et de bien-être. »
La mesure de la pression artérielle n’est pas si simple
La mesure de la pression artérielle via les wearables n'est pas encore une évidence. Néanmoins, il est considéré comme un paramètre important pour obtenir un aperçu de la santé cardiovasculaire d’un patient. Peut-être même plus que la mesure de la fréquence et du rythme cardiaques. L'hypertension artérielle est un haut facteur de risque pour les maladies rénales, les accidents vasculaires cérébraux ou encore les problèmes cardiaques. Les médecins doivent tester soigneusement tout nouveau dispositif sur différents groupes de personnes. En effet, les résultats peuvent être très différents chez les malades présentant une pression artérielle anormale ou chez les personnes âgées dont les vaisseaux sanguins sont plus rigides.
Aux États-Unis, la FDA, organisme de surveillance de la santé, n'a approuvé qu'un seul dispositif de mesure de la pression artérielle, le HeartGuide d'Omron. L'appareil est doté d'un brassard gonflable dans sa bande. Il mesure ainsi la pression artérielle au niveau du poignet selon la méthode traditionnelle du pincement.
La méthode de Binah.ai remise en question
Les critiques se méfient de la technique utilisée par Binah.ai. Jordana Cohen, professeur adjoint de médecine à l'Université de Pennsylvanie, reste d’ailleurs très prudente. « Je pense qu'il est potentiellement possible que cette technologie puisse être utilisée à l'avenir, mais je n'ai pas vu de preuves suggérant qu’elle soit prête pour une surveillance fiable de la pression artérielle à l'heure actuelle », a-t-elle expliqué au site américain The Verge.
Binai.ai a mené des études de validation internes et a comparé son évaluation avec la norme internationale pour les moniteurs de pression sanguine. Des études cliniques approfondies suivront à la fin du mois de février pour tester davantage la technologie. Grâce à ces résultats, la société espère obtenir l'approbation de la FDA.
Selon Jordana Cohen, la norme internationale est conçue pour les tensiomètres typiques à brassard. Elle ne doit pas servir pour vérifier la précision d'un appareil basé sur le PPG. D'autres critiques affirment que personne ne sait quels sont les facteurs humains qui influencent la précision de mesure de Binah.ai. Il manque les publications qui incluent diverses variables telles que la couleur de la peau, les poils du visage, les cicatrices et le maquillage. En ne testant pas suffisamment ces détails, un outil basé sur l'IA peut donner des analyses basées sur des préjugés.
Le point sur Binah.ai
Binah.ai a été fondée il y a six ans en Israël et possède désormais des bureaux au Japon et aux États-Unis. La société a déjà levé 13,5 millions de dollars auprès d'investisseurs. Elle ne vend pas son application d'IA directement aux consommateurs, mais la propose aux assureurs, aux fabricants d'ordinateurs portables et de smartphones. L'objectif est d'intégrer la technologie dans les appareils et les services en ligne de ces entreprises. Le lancement de la fonctionnalité avec une validation limitée a été fait à la demande de ses clients. Les entreprises procèdent souvent à leur propre validation interne.
Mesure de la pression artérielle dans les wearables
Ces dernières années, de nombreux progrès ont été réalisés dans le domaine de la mesure de la pression artérielle par le biais de wearables. Les géants de la technologie y consacrent beaucoup de temps et d'argent. Samsung, Fitbit et Apple travaillent tous sur l'intégration de cette technologie dans leurs offres. Ils utilisent maintenant d’autres mesures pour pouvoir analyser la pression sanguine. Comme c’est le cas de Samsung qui mesure le temps de transit du pouls, qui surveille le flux sanguin. En outre, des capteurs optiques observent le rétrécissement et l'élargissement des vaisseaux sanguins. Avec la fréquence cardiaque, ces résultats sont analysés par un algorithme. Cela correspondrait à une mesure courante de la pression sanguine. Fitbit examine le temps d'arrivée du pouls : celui entre un battement de cœur et le moment où le sang atteint le poignet. Ces mesures sont associées à la pression sanguine.
Masterclass Intelligence artificielle dans les soins de santé
Toujours en 2022, Smarthealth organise un cours magistral de deux jours sur l'intelligence artificielle dans les soins de santé. Des conférenciers de premier plan issus du monde scientifique, des affaires, du milieu médical et des start-up donneront des conférences. La masterclass aura lieu les 31 mars et 1er avril 2022 (Bruxelles, Belgique) et les 24 et 25 mars 2022 (Houten, Pays-Bas).
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