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Cet été, SmartHealth souhaite mettre en avant des start-ups médicales néerlandaises et belges proposant des concepts innovants qui aideront les soins de santé dans les années à venir. Parmi elles, se trouve Zorgoppas, une plateforme en ligne pour aider les parents à trouver une nounou qualifiée pour leurs enfants ayant besoin de soins particuliers.
Les Pays-Bas comptent environ 200 000 enfants qui requièrent d'être pris médicalement en charge. Ils souffrent, par exemple, d'autisme, de troubles du comportement, d'une maladie chronique ou d'un handicap mental. Et l'attention et les soins spécifiques dont ils ont besoin se répercutent sur toute la famille. Plus particulièrement sur les parents qui souffrent souvent de stress et d’épuisement.
SmartHealth s'est entretenu avec le fondateur et P.-D.G. de Zorgoppas venu de la ville d's-Hertogenbosch, Harm Van Ballegooy. La start-up néerlandaise met en relation les parents dont les enfants ont des besoins spécifiques avec des baby-sitters spécialisé(e)s.
Imaginez que vous ayez besoin de rencontrer un entrepreneur, mais ce dernier n'arrive pas à établir un rendez-vous car il cherche en vain une nounou qualifiée pour son fils autiste. Une recherche fastidieuse qui ne peut pas se faire à la dernière minute… Et s’il suffisait de chercher sur Internet ? C'est la première chose à laquelle Harm van Ballegooy a pensé lorsqu'il s’est retrouvé confronté à cette situation. Mais, il s’est très vite rendu compte que ce n'était pas si simple. En effet, il s'est avéré que personne aux Pays-Bas n'était en mesure de répondre à sa demande, alors qu'il s'agit d'un vaste problème social. C’est ainsi qu’il s’est dit
« je vais essayer de répondre à ce besoin ».
Mise en réseau et présentation
Tout a commencé en 2015 au cours du week-end Broedweekend. Harm Van Ballegooy a défendu son idée devant le jury de cet événement entrepreneurial. Son projet a attiré l’attention de l’un d’entre eux, un responsable de l'innovation d'une institution de soins de santé. Résultat : deux semaines plus tard, ce dernier s’est empressé de le contacter. Au cours de leurs échanges, il lui a confirmé que cette problématique est récurrente et que, bien souvent, le personnel médical ne peut pas aider les parents. Il a donc commencé à diriger les personnes à la recherche d’une nounou qualifiée sur la plateforme en ligne élaborée par Harm Van Ballegooy. Il a également envoyé un courrier aux membres de son institution de soins afin de les informer qu’ils pouvaient s'inscrire sur son site web Zorgoppas nouvellement lancé. C’est ainsi que les premiers membres, parents et baby-sitters, se sont rencontrés.
« Entre-temps, j'étais déjà en pourparlers avec la municipalité d's-Hertogenbosch, car elle pouvait devenir un partenaire financier à cette initiative sociale. En effet, depuis 2015, elle est responsable du soutien aux soins informels. Elle a donc un intérêt à gérer cela localement. Je leur ai d’ailleurs demandé de prendre en considération l’importance des problèmes de santé mentale des parents dont les enfants ont un handicap. En tant qu’établissement d’aide, je leur ai proposé d'organiser une soirée, pour laquelle la municipalité accorderait une subvention si j’arrivais à recruter au moins 30 personnes ce soir-là, dont trois correspondent à des binômes parents/soignants appropriés. », raconte le fondateur.
La municipalité a fini par accepter et l'événement s'est avéré être un succès. Quarante personnes intéressées se sont présentées, dont sept binômes. La municipalité a tenu ses engagements et a alors versé une prime de lancement (subvention à l'innovation) à Zorgoppas. Un vrai premier coup de pouce qui pourrait permettre à la start-up de réaliser une étude de faisabilité.
Récolter les fonds nécessaires
Néanmoins, le concept élaboré par Harm Van Ballegooy nécessitait des investissements supplémentaires pour voir concrètement le jour. Il a donc participé au concours organisé par les Fonds Anton Jurgens de Nimègue (AJF). Cette fondation a pour mission
« d’apporter une contribution axée sur les résultats aux besoins vitaux primaires, à l'autonomie, à l'épanouissement personnel et à l'utilité des groupes vulnérables de la société. » Chaque année, elle remet donc le prix IGNITE à des entrepreneurs sociaux qui lancent une activité visant à soutenir les groupes vulnérables de la société. Pour départager les projets, elle analyse, entre autres, le plan d'affaires et la faisabilité des concepts présentés. Et grâce à un argumentaire convaincant, Zorgoppas a remporté l'IGNITE AWARD en 2016 et a reçu une aide financière de 100 000 euros.
Ce financement était plus que bienvenu ! D’ailleurs, selon Harm Van Ballegooy, la subvention de la municipalité et le prix de l'AJF étaient une condition pour se lancer. « Il nous a fallu environ 3 ans pour atteindre l'équilibre. Au début, nous avions beaucoup de frais et peu ou pas assez de clients payants. Ce n'est pas comme si nous avions un produit prêt à l'emploi, immédiatement opérationnel. Il s'agit d'un service basé sur le partage de réseau. Sans capital de départ, je n'aurais pas pu commencer. »
Une équipe investie et concernée
Pour les parents, disposer d’un tel outil pratique est un véritable soulagement. Les soins intensifs ont souvent des conséquences néfastes. Toute l’attention est portée sur l'enfant qui nécessite beaucoup de temps au détriment de la santé mentale des parents. C’est d’autant plus vrai lorsqu’ils n’ont pas de solution pour les faire garder. Et cela concerne aussi bien les demandes en journée pour travailler au calme ou encore celles pour s’octroyer un break en sortant le soir. La mise en place d’un tel site Web où les parents et les soignants peuvent se rencontrer était donc plus que nécessaire. La mise en relation commence à l’initiative des parents qui s’inscrivent en ligne et renseignent leurs coordonnées. Ensuite, le processus se poursuit par téléphone. La start-up dispose d'une grande base de données avec des candidats expérimentés en matière de garde d’enfant. Et en toute logique, le nombre de candidats qui proposent leurs services de baby-sitting change continuellement. Tout est une question de disponibilité.
L'équipe de Zorgoppas est composée de 6 femmes, dont certaines ont une expérience professionnelle dans le domaine médical. Trois d'entre elles sont également des mères de famille utilisant personnellement la plateforme. En tant qu’utilisatrice, elles donnent ainsi un honnête feedback des services proposés par le site web. En fonction des besoins de l'enfant et des souhaits de la famille, Zorgoppas sélectionne une baby-sitter appropriée. Une fois que le candidat a été choisi, une réunion de présentation est organisée entre les parents et la potentielle future nounou. Finalement, le processus, de l'inscription à la recherche de la personne qualifiée, prend entre 2 à 8 semaines.
Pour avoir accès à un tel service, les parents paient un abonnement mensuel de 8 euros et 7,50 euros par heure pour le baby-sitting. Ce taux horaire revient entièrement à la baby-sitter et est complété par une contribution municipale pour atteindre 11 euros. «Grâce à cette aide financière, Zorgoppas peut ainsi offrir un tarif abordable à de nombreux parents et en même temps rémunérer convenablement les nounous qualifiées », se réjouit Harm Van Ballegooy.
Hetty Oomens, qui travaille pour la municipalité d's-Hertogenbosch, estime que Zorgoppas est arrivé au bon moment. « Nous avons reçu de nombreuses questions de parents ayant un enfant nécessitant une attention particulière. En tant que collectivité locale, nous avons pour mission de les soulager en leur trouvant des solutions adaptées. Zorgoppas est venu frapper à notre porte à ce moment-là et a fait une offre qui répondait exactement aux besoins des parents. » Pour le fondateur du projet et ses collègues, c'est une grande satisfaction de soutenir les parents et les enfants à construire une situation familiale plus épanouissante. Il est régulièrement arrivé que des parents, à bout de nerfs, contactent Zorgoppas en expliquant que : « résoudre ce problème en quelques jours, c'est vraiment génial. »
Approcher les municipalités et les entreprises
Harm Van Ballegooy indique qu'il existe un fort potentiel de croissance. « Environ 200 000 enfants ont besoin de soins et la majorité d'entre eux sont bien pris en charge par leur famille. Néanmoins, nous estimons que 10 % ont besoin de Zorgoppas. Cela représente 20 000 abonnés potentiels. » Le fondateur a donc pris l’initiative de contacter les municipalités et les entreprises intéressées et est déjà actif dans plusieurs d’entre elles, dont celle d’Amsterdam.
À terme, l’objectif est d’avoir une couverture nationale, même si ça n' est pas forcément facile à mettre en place. « Je dois d’abord trouver le bon interlocuteur politique de la municipalité à qui m’adresser. Et cela peut prendre du temps de trouver la bonne personne en charge de cette problématique », explique le P.-D.G. « En outre, nous voulons que la municipalité nous fasse confiance. Dès qu'une autorité locale commence à interférer avec notre processus de travail, nous arrêtons. »
Au-delà des municipalités, les entreprises sont également contactées. En effet, le service Zorgoppas peut être considéré comme un avantage pour leurs salariés. Cela peut éviter qu’un parent s’épuise mentalement. Proposer un tel service à ses employés constitue donc une aide bénéfique à tous : des salariés opérationnels et en bonne santé. De plus, la start-up faisant désormais partie des Conditions d'Emploi des Salariés d'Achmea, les enfants peuvent facilement être pris en charge lorsque les parents doivent travailler.
Capital-risque et croissance
Une question reste en suspens : les investisseurs seront-ils au rendez-vous pour accompagner le projet de cette jeune entreprise prometteuse ? Aux États-Unis, les start-up se retrouvent les unes après les autres financées par des fonds d'investissement afin de lever du capital-risque. « Nous avons eu des discussions, mais les exigences de rendement des investisseurs doivent correspondre à votre entreprise. Souvent, les financements sont réalisés pour une durée de trois à cinq ans et l'investisseur souhaite récupérer son argent par un facteur x. Il sait qu'une grande partie de son investissement est sous forme de liquidités et qu'une grande partie de leur capital-risque peut disparaître. N’oublions pas que de nombreuses start-ups échouent. Il existe donc une forte pression financière qui ne cadre pas avec notre mission sociale », déclare Harm Van Ballegooy.
Outre ce facteur financier, les membres de Zorgoppas soihaitent quoi qu’il advienne continuer d'innover. La start-up va d’ailleurs bientôt commencer à travailler avec un nouveau système en ligne. Il s'agira d'une plateforme destinée non seulement aux parents, aux personnels qualifiés, mais aussi à d'autres groupes cibles essentielles, à savoir les municipalités et les entreprises. Il n'est pas exclu que les Zorgoppas deviennent un produit d'exportation. « J'ai le sentiment qu’une nouvelle tendance européenne se met en place en prévoyant la gestion des soins informels du gouvernement par les municipalités. » La Belgique est un choix évident, mais le fondateur ne sait pas encore exactement comment la décentralisation va être mise en place. Il estime que cela mérite d'être étudié. « Ce qui n'est pas toujours possible », conclut-il.
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