Attendi compte combler les lacunes des commandes vocales dans les soins de santé

Cet été Smarthealth vous présente dix start-ups médicales néerlandaises et belges innovantes. Nous mettons en lumière celles qui font évoluer le secteur de santé, tant sur la prise en charge que le suivi personnel. En quoi sont-elles pertinentes ? Quels sont les nouveaux outils qu’elles proposent ? Parmi notre sélection se trouve Attendi, une société néerlandaise qui a développé une technologie vocale intelligente pour alléger la charge administrative dans le secteur des soins de santé.

Une jeune entreprise néerlandaise située de l'autre côté de la frontière belge semble avoir trouvé la clé de la technologie vocale intelligente, du moins dans le domaine des soins de santé. La start-up Attendi a ainsi développé un outil pour convertir les conversations médicales en enregistrements clairs et structurés, créant ainsi des données utilisables sans faire perdre de temps aux professionnels de la santé.

« Cela nous permet actuellement d'offrir deux propositions aux organisations de santé », explique Diederik de Rave, cofondateur de la start-up. « D'une part, les professionnels du secteur médical peuvent saisir leurs rapports en toute sécurité n'importe où et avec une grande précision, et d'autre part, les conversations entre le patient et leur médecin sont retranscrites et utiliser comme source de données pour remplir un historique dans le dossier électronique du patient (DEP). »

Se lancer dans les soins de santé

Diederik De Rave n'a pas pris de risques lorsqu'il a finalement décidé, avec Berend Jutte, de créer Attendi. L'idée de la société lui est venue lorsque, après avoir étudié les sciences de l'organisation à l'université de Tilburg, il a pu obtenir un emploi dans une grande multinationale technologique. « Une division de santé existait là-bas, et était particulièrement en avance sur l’exploitation de la technologie vocale. » Ainsi, lorsqu’il a constaté que ce n’était pas forcément le cas aux Pays-Bas, il a pris la décision de se lancer dans l'aventure en tant qu'entrepreneur, après avoir passé quatre ans comme chef de produit.

Comme beaucoup d’autres start-up, les débuts d’Attendi n’ont pas été faciles. Diederik De Rave a surtout remarqué, que le chemin était long et ardu pour se faire accepter. « Gagner la confiance était le principal objectif à l'époque.», se souvient-il. « Auprès des hôpitaux, nous avons d'abord dû démontrer que notre technologie était à la fois sûre et de haute qualité avant qu'ils ne concluent des partenariats avec nous pour poursuivre notre développement. ». Il a donc été nécessaire pour la start-up de constituer une réserve financière suffisante pour pallier cette période.

« En septembre 2019, Berend et moi avons officiellement lancé Attendi. Grâce à mon cofondateur, qui avait déjà lui-même une société de conseil en intelligence artificielle, nous disposions déjà d'un important capital humain de départ. Puis nous avons levé un petit financement de démarrage au sein de notre propre réseau, avec lequel nous avons pu embaucher de nouvelles personnes pour élaborer un premier concept de ce que nous voulions réellement faire. Il s’agissait de développer un modèle de base à montrer aux professionnels de la santé. »

Le moment de vérité

Après avoir mené à bien un projet pilote dans un cabinet de médecins généralistes néerlandais, les choses ont soudainement évolué rapidement. « Sur la base de ces résultats, nous nous sommes adressés au gouvernement néerlandais, car nous avons pu démontrer un impact positif sur l'efficacité et l'accessibilité des soins. » Attendi a ainsi pu bénéficier d’un montant plus important pour investir dans la qualité et la sécurité de la technologie ainsi que pour étendre son équipe. « En tant que start-up, vous ne vous adressez pas seulement aux patients ou aux professionnels de la santé. Vous devez aussi convaincre l’institution de soins de santé entre les deux. Investir dans la qualité et la sécurité crée la confiance qui vous permet d’y parvenir. »

« À un moment donné, vous avez une chance sur deux de réussir. Un peu comme quand vous jouez à pile ou face, mais c’est votre entreprise qui est en jeu. Tout peut donc changer très vite. Dans le secteur des soins de santé, le parcours est vraiment long avant d’avoir une réelle place sur le marché, et il faut trouver un moyen de combler cette période. Généralement, mieux vaut mettre en place une stratégie qui ne donne pas trop d'autonomie à votre entreprise. Pour une start-up d’e-santé, c'est un grand défi, certainement le plus grand à surmonter. Les organismes de soins de santé - du moins aux Pays-Bas - attendent un peu plus longtemps avant de vouloir faire affaire avec vous. Surtout dans le cas d'une jeune entreprise ou de celles qui traitent des données sensibles et confidentielles. Nous avons toujours été très conscients de ce challenge. La qualité et la sécurité ont donc été notre priorité lors du développement de notre technologie vocale. »

Les deux faces de la crise du coronavirus

Comme beaucoup d’autres start-up, le coronavirus n’a pas favorisé les plans d’Attendi. Mais la société a su y faire face et est à présent en pleine expansion. « Notre première proposition a déjà conquis un grand nombre de professionnels. À savoir, notre version qui convertit n’importe quelle conversation en texte, tout en prenant en compte le vocabulaire spécifique. Et nul besoin d’une application. Les soins de district, résidentiels et les fournisseurs de DPE achètent une licence qui leur donne accès à notre interface de programmation d'applications (API). Cela signifie que les professionnels de la santé peuvent utiliser la synthèse vocale en toute sécurité et avec une grande précision par domaine. Actuellement, par exemple, nous avons déjà une intégration avec le fournisseur de DPE Ecare et nous sommes en train d’étendre notre réseau. Le fait que nous répondons aux exigences de sécurité et que nous pouvons réaliser un modèle précis pour des groupes cibles spécifiques dans le secteur des soins fait de nous un partenaire attrayant tant pour les institutions de soins que pour les fournisseurs de logiciels. »

« Pour la deuxième proposition, nous travaillons avec un centre orthopédique. Convertir une conversation en une anamnèse serait un énorme avantage pour de nombreux médecins qui se réjouissent déjà à l’idée de pouvoir avoir accès à un tel système. Néanmoins, il s'agit d'un défi technique. Après tout, ces conversations ne sont généralement pas linéaires ou structurées. Nous avons donc choisi de commencer par le tableau clinique de l'arthrite de la hanche, dont la norme d'anamnèse est claire. En outre, il s'agit également d'une maladie courante. Les consultations sont relativement courtes et les discussions entre le médecin et le patient sont ciblées. Nous allons prendre une année supplémentaire pour développer cette solution jusqu'à ce que nous puissions la proposer commercialement. En 2022, nous souhaitons étudier la faisabilité technique, la valeur ajoutée économique et l'utilité clinique. Si tout se passe bien nous proposerons bientôt un modèle de licence. »

Selon le fondateur, c’est une évidence presque devenue clichée, mais la crise sanitaire a été aussi bien une malédiction qu’une bénédiction pour Attendi. « Au départ, nous nous étions fermement engagés à interagir avec les médecins, mais cela a été retardé par la COVID-19. Heureusement, nous étions déjà, à cette époque, un partenaire de Microsoft. Ce dernier a eu besoin d’utiliser de plus en plus notre technologie pour retranscrire les réunions orales pour les rapports quotidiens des institutions de la GGZ. Peu après, nous avons lancé un projet pilote à l'institution RIBW Kwintes. Après quatre mois de tests, 85 % des participants ont déclaré vouloir continuer à utiliser nos services. La retranscription via notre technologie leur a fait gagner près de deux heures par mois. D’après nos estimations, la précision et la traduction sont de 90 %. Nous pouvons donc intégrer cette technologie en toute sécurité dans les solutions existantes. Ces résultats nous ont donné la certitude que nos services peuvent réellement aider les soins de santé aux
Pays-Bas. Aujourd'hui, nous constatons également des résultats similaires dans les soins résidentiels et de district où Attendi est utilisé. »

Une équipe menée par un coach

Moins de deux ans après sa création, l'entreprise compte déjà six employés à temps plein et trois à temps partiel. « Nous avons d'abord fait appel à un ingénieur vocal expérimenté. Heureusement, il s'agissait de quelqu'un qui avait déjà introduit ce type de technologie sur d'autres marchés. Cette personne avait alors aussi l'ambition d'utiliser cette technologie dans un environnement où elle apporterait une réelle contribution sociale. Ensuite, nous avons engagé un ingénieur PNL clinique ainsi qu’un ingénieur spécialisé en logiciels.»

Les fondateurs ont aussi fait appel à eu un coach en interne pour les guider tout au long du processus entrepreneurial. « Nous avons consulté une personne expérimentée assez tôt dans notre processus de développement d’Attendi afin d’avoir une bonne visibilité de notre secteur. Ce coach continue de nous soutenir aujourd'hui. Les soins de santé sont parfois très complexes et il est très bénéfiques d'avoir quelqu'un qui a beaucoup d'expérience pour vous aider. Cette année, nous allons d’ailleurs étendre notre coopération avec lui. »

Assumer un rôle de pionnier

L’ambition de Diederik De Rave est bel et bien tournée vers l'avenir. « En coopération avec les hôpitaux participants, nous voulons démontrer techniquement la faisabilité et l'utilité clinique de nos différentes solutions. Nous sommes également très heureux de disposer d'une grande marge de manœuvre pour procéder intelligemment à notre implantation. La solution speech-to-text est maintenant disponible par API avec des modèles spécifiques par domaine. Ce produit est déployable et notre objectif est d'en faire bénéficier le plus grand nombre possible de professionnels de la santé aux Pays-Bas. »

Si personne ne peut prédire ce que leur réserve les années à venir, les fondateurs d’Attendi restent confiants. « Ce dont je suis sûr, c'est que l'importance de la technologie vocale va croître dans le secteur des soins de santé néerlandais. La question est de savoir à qui nous allons confier cette responsabilité aux Pays-Bas. Allons-nous laisser cette tâche à de grands acteurs internationaux sur lesquels nous avons peu de contrôle juridique ? Mettons-nous nos données sensibles entre leurs mains ? Ou peut-être devrions-nous permettre à une entreprise néerlandaise de jouer un rôle où les cadres juridiques et éthiques appropriés peuvent être établis conjointement. »