Newsletter:
Des scientifiques britanniques ont récemment mis au point une plateforme de jeux d'IA. Intitulé Thymia, leur objectif est d’objectiver les évaluations de suivi des problèmes de santé mentale. La start-up a récemment levé 1,1 million de dollars auprès d'investisseurs. Grâce à cela, Thymia étend ses études cliniques et vient d’être introduite au Royaume-Uni.
La plateforme Thymia comporte divers jeux vidéo. Tous permettent d'analyser la voix, le visage et le comportement de l'utilisateur. Grâce à l'University College et au King's College de Londres, des milliers de patients souffrant de dépression testent actuellement ce nouveau logiciel. L’objectif étant d’entraîner l'algorithme de l'IA et d’améliorer l'expérience du patient. Les universitaires estiment que cette technologie a un potentiel pour traiter les maladies d'Alzheimer, du corps de Lewy, de Parkinson, de l'anxiété, du TDAH ou encore de l'autisme.
Dépistage et surveillance à distance
Selon les scientifiques, Thymia améliore les évaluations de santé. Elles sont non seulement plus rapides, mais aussi plus précises que les questionnaires, qui peuvent être biaisés. En outre, la plateforme permet aux médecins de surveiller leurs patients à distance. Finalement, cet outil donne une vision plus globale et approfondie de la maladie. Les chercheurs à l’origine du projet affirment que les cliniciens manquent de temps pour suivre leurs patients avec les méthodes conventionnelles. Ils évoquent souvent la lourdeur des nombreuses tâches administratives. Thymia pourrait à l’avenir résoudre ce problème. En effet, la plateforme apparaît comme une bonne solution possible dès le début du traitement du patient.
Comment fonctionne Thymia ?
Avec la technologie de l'IA développée, les scientifiques sont en mesure d'estimer la probabilité et la gravité éventuelle d'une dépression. Il est également possible de déterminer si un patient répond correctement au traitement. Pendant le jeu, le logiciel analyse des schémas spécifiques dans la parole, la vidéo et le comportement. Les patients doivent notamment décrire des scènes animées et mémoriser des objets en mouvement, comme des animaux. Selon le logiciel, certains schémas de données indiquent une possible dépression. La technologie analyse les micro-expressions faciales du patient pour suivre son humeur. De plus, la technologie audio reconnaît les signes acoustiques et linguistiques de la dépression. Il se base sur la façon dont le patient s’exprime ainsi que la tonalité de sa voix. Enfin, le comportement est cartographié, par le biais du temps de réaction, de la mémoire et du taux d'erreur pendant le jeu.
Thymia mise sur l'expérience personnelle
Thymia est le fruit du travail du Dr. Stefano Goria, physicien théoricien, et du Dr. Emilia Molimpakis, neuroscientifique. « Thymia fait entrer la psychiatrie dans le 21e siècle, avec une plateforme basée sur l'IA pour un suivi précis et continu des patients. Il s'agit du premier système d'évaluation psychiatrique objectif, combinant plusieurs types de données physiologiques riches pour évaluer la dépression. Elle permet également de distinguer des troubles se présentant de manière similaire », explique le Dr. Emilia Molimpakis.
Comme beaucoup d’autres projets, Thymia est née d'une expérience personnelle. En effet, l’un des amis proches du Dr. Emilia Molimpakis souffrait de dépression. Malheureusement, les méthodes d'évaluation traditionnelles n'ont pas permis aux praticiens de mesurer la gravité de sa maladie mentale. Jusqu’au jour où le patient a fait une tentative de suicide. Ainsi la cofondatrice a utilisé ses propres connaissances et son expérience en psychologie expérimentale, en linguistique et en neurosciences cognitives pour développer la plateforme.
« Évaluer son degré de tristesse sur une échelle de 0 à 3 n'est tout simplement pas suffisant pour saisir les nuances subtiles des premiers signes de dépression. Ni de retracer les complexités de la maladie mentale persistante. Or, actuellement, nos cliniciens n'ont pas reçu de meilleure option. Cela signifie que trop de cas ne sont pas, ou mal, diagnostiqués. De plus, ces méthodes font que trop de patients attendent des années avant de trouver le bon traitement. Nous voulons donner aux médecins et aux patients de meilleurs outils », a déclaré le Dr. Emilia Molimpakis.
Hausse de la dépression pendant la pandémie
La dépression est un problème social majeur qui a été exacerbé par la pandémie. Les données de l'ONS, l'homologue britannique du CBS, montrent qu'entre janvier et mars 2021, un cinquième des adultes britanniques ont signalé des symptômes dépressifs. Ce chiffre a doublé par rapport à la même période avant la pandémie de COVID-19.
Le Dr. Emilia Molimpakis a déclaré : « Notre technologie permettra aux cliniciens d'évaluer et de traiter la dépression plus tôt, tandis que les patients pourront acquérir une meilleure compréhension de leur propre état. Notre objectif est de devenir à terme la référence pour l'évaluation de tous les troubles mentaux. Nous souhaitons également montrer que les troubles mentaux sont aussi réels et objectivement mesurables que les troubles physiques, contribuant ainsi à éradiquer la stigmatisation qui leur est associée. »
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !