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Avec l'arrivée du cabinet médical numérique Arene, les fondateurs Lennard van Dongen, Jan-Frans Mutsaerts et Jasper Schellingerhout veulent mettre fin au manque de médecins généralistes aux Pays-Bas. La plateforme en ligne propose aussi bien des téléconsultations que des rendez-vous en présentiel.
Deux ans auparavant, l'association nationale néerlandaise des médecins généralistes (LHV) mentionnait déjà l’urgence du besoin de médecins généralistes. À l’époque, déjà 1/3 des centres médicaux de proximité manquaient de docteurs. Ainsi, ceux partant à la retraite peinent à trouver un successeur. Quant aux patients, beaucoup d’entre eux n’ont plus de médecin de famille depuis des années. Cette pénurie semble être particulièrement évidente en Zélande, en Gueldre centrale, dans la région de Rijn et dans le sud du Limbourg. D’ici quelques années, tout semble indiquer que la Randstad se retrouvera, elle aussi, dans la même situation.
Jan-Erik de Wildt, expert des tendances en matière de soins primaires, confirme cette pénurie et précise qu’elle est générale aux Pays-Bas. La situation commence d’ailleurs à s'aggraver, surtout dans les régions où la densité de population est faible comme Zeeland, Drenthe ou Groningen. « Ce manque est en partie dû au vieillissement des généralistes néerlandais actuels et au nombre limité de personnes pouvant être formées. Au cours de la formation médicale, les statistiques du nombre de docteurs formés sont faussées. En effet, elles ne prennent pas en compte que de plus en plus de femmes n’exercent pas 4 ou 5 jours par semaine, mais seulement 3. Si vous n'en formez que 3, par exemple, vous n'aurez réellement que 2 places occupées aux Pays-Bas. Cela crée donc une inadéquation entre le nombre de généralistes formés et la demande. »
Comment remédier à cette insuffisance ?
C’est la question capitale à laquelle tente de remédier le cabinet numérique de médecine générale, Arene. Les services en ligne que la plateforme propose existaient déjà depuis 2016, mais ils étaient liés aux prestations et patients des centres médicaux situés à De Keen et à Etten-Leur. Les pionniers, Lennard van Dongen, Jan-Frans Mutsaerts et Jasper Schellingerhout, ont ainsi voulu permettre aux personnes situées en dehors de leur zone géographique de pratique d’accéder à des soins à distance.
Ils ont donc lancé Arene, un cabinet de médecins généralistes totalement indépendant qui utilise des outils de soins numériques. « Aux Pays-Bas, chacun a son propre médecin généraliste et nous voulons que cela reste ainsi. Nous ne ciblons donc pas les personnes qui sont déjà suivies. Seulement aujourd'hui, beaucoup de Néerlandais n'ont pas accès à un docteur de proximité à cause d’un manque considérable de praticiens dans certaines régions. », précise le cofondateur Jan-Frans Mutsaerts.
Un panel d’offres impressionnantes
Arene offre un tel éventail d'options de communication numérique, que les rendez-vous sur place ne sont proposés que si c’est absolument nécessaire (examens physiques, par exemple), déclare la doctoresse Jan-Frans Mutsaerts. Afin de mieux répartir les consultations, cette dernière travaille en étroite collaboration avec les cabinets de médecins généralistes habituels. « Dans certaines régions, les docteurs de proximité ne sont pas assez nombreux, et dans d'autres, il y en a trop ! Alors, lorsque c’est le cas, les patients peuvent utiliser les soins en ligne afin de mieux répartir la charge de travail. Ensuite, si une consultation en présentiel est préconisée, les personnes pourront toujours consulter sur place un médecin. »
« Arene est donc très proche d'un cabinet de médecine générale classique », affirme la doctoresse. « La seule différence est que nous adhérons pleinement à la numérisation des soins de santé : diagnostiquer à distance là où cela peut être fait en ligne, ausculter physiquement là où cela doit être fait en présentiel. Parmi toutes les questions posées au médecin généraliste, la moitié d'entre elles peuvent être facilement résolues par des moyens de communication numériques tels que l'appel vidéo. Par exemple, si une personne souffre d'un rhume, le patient prend des photos qui nous permettent d'envoyer une ordonnance au pharmacien, et ainsi de suite. »
Quand la crise accélère la digitalisation des soins
Selon Jan-Erik de Wildt, le coronavirus a fait passer la numérisation des soins de santé aux Pays-Bas à la cinquième vitesse. « Ce n'est que depuis la crise que les personnes se rendent compte que beaucoup de choses peuvent aussi être faites via le numérique. Les jeunes travaillaient déjà en grande partie en ligne, commandaient des articles sur Internet et vivaient entièrement connectés. Ils veulent donc également être suivis à distance par un professionnel de santé. » Jan-Frans Mutsaerts est aussi du même avis : « Nous constatons effectivement que beaucoup de généralistes reviennent à l'ancien système avec des consultations physiques, mais il existe de plus en plus de possibilités de soins digitaux. »
De plus, l’expert de soins primaires ajoute que les nouveaux projets numériques tels qu'Arene sont très désireux de rallier les assurances maladie. « Aux Pays-Bas, les assureurs ont un devoir de diligence. Si une personne déclare qu'elle n'a pas de médecin de famille, elles ont l’obligation de lui en trouver un. Si elles ne sont pas en mesure de le faire, elles devront pouvoir le justifier et rendre des comptes. » Arène arrive alors comme une solution inespérée : « Avec un médecin généraliste en ligne, l'assureur remplit pleinement son devoir. »
Les soins numériques ne font pas l’unanimité
Pourtant, tous les généralistes néerlandais ne semblent pas être aussi enthousiastes par ce projet de soins digitaux. Jan-Frans Mutsaerts a déjà reçu quelques critiques selon lesquelles les prestations deviendraient ainsi « paresseuses » et « impersonnelles ». « Je ne comprends pas bien de tels reproches. Nous souhaitons nous concentrer explicitement sur les personnes qui ne trouvent pas de docteur de proximité. Dans le pire des cas, avec les consultations numériques, vous avez toujours un médecin vers qui vous tourner. Et même si ce n’est pas le même à chaque fois, il est toujours préférable d'avoir accès à un professionnel plutôt que de devoir en chercher un disponible dès que vous avez un problème de santé. »
Au contraire, précise la doctoresse, « les patients ne sont pas du tout réticents à l'idée de soins à distance. Si vous faites tout numériquement, cela vous fait gagner un temps précieux. En seulement 10 minutes maximum vous avez fait votre consultation. Cela vous évite à la fois le déplacement et le temps d’attente. Dans notre autre cabinet de médecine générale, nous proposons déjà ce type de soins numériques et ils sont fréquemment utilisés. »
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